« Grand-mère, pourquoi y a-t-il tant de vert sur les emballages ? Pourquoi lit-on le mot « durable » un peu partout ? Pourquoi #boire pour le climat ? » Que répondrait le loup déguisé en grand-mère au chaperon rouge découvrant un supermarché actuel et ses pubs alléchantes ?
En écho aux préoccupations environnementales d’un nombre croissant de personnes, davantage d’entreprises utilisent des arguments écologiques dans le but premier de redorer leur blason, sans que les actes suivent les belles déclarations. La Fédération romande des consommateurs FRC relève différentes stratégies de ce greenwashing ou écoblanchiment déployé par les fabricants et leurs spécialistes en marketing: symboles ou logos se rapportant à la nature, couleur verdoyante des emballages, site bucolique, promesses d’engagement ambiantal, de neutralité carbone et climatique.
Quelle est l’influence de ces messages visuels et verbaux sur notre évaluation des produits ? Pour le savoir, la FRC et ses collègues alémaniques et tessinois de la protection des consommateur.trice.s ont proposé des comparaisons entre différents produits fictifs, plus ou moins connotés écologiquement par leur emballage. Le temps de réaction laissé aux participant.es était intentionnellement court, afin d’obtenir des réactions spontanées, reflétant le « pilotage automatique » qui nous permet de traiter la majorité des informations au quotidien. Résultat ? Sous la pression du temps, une allégation environnementale ou un paysage campagnard agit comme gage d’écologie.
Concrètement: « Sur environ 3 500 participant.es, 76% ont choisi un emballage avec une prairie, lorsqu’on leur demandait de désigner le poulet qui leur semblait avoir bénéficié des meilleures conditions d’élevage. Sur un nettoyant pour les toilettes, une pomme de pin et la couleur verte ont suffi à pousser 60% des sondés à penser que le produit était plus écologique que deux autres. Idem dans le domaine des cosmétiques qui proposait de choisir la crème la plus naturelle: 63% ont opté pour un tube vert à fleurs. »
Les conséquences de ces déclarations et mises en scène mensongères sur nos décisions d’achat sont loin d’être négligeables. Des produits réellement durables risquent ainsi de passer inaperçus lors de nos achats. Un produit paraissant inoffensif pour l’environnement sera considéré favorable à notre santé. Enfin, nous paierons davantage pour une marchandise qui n’a rien de plus que celles de ses concurrents, et donc le client se fait avoir.
Dans un contexte commercial opaque où un peu tout est actuellement permis pour vendre plus vert, la boutique en ligne WeDressFair a lancé une campagne ironique en 2020, afin d’exposer les ficelles de l’écoblanchiment. En collaboration avec les consommateur.trice.s, un guide est paru.
Après ce tour d’horizon au pays des arnaques commerciales qui nous bernent fréquemment, les accros du Coca vont-ils changer leurs habitudes, en apprenant que le géant des boissons poisons pour notre santé et producteur majeur de plastique au monde parraine la 27e conférence de l’ONU sur le climat organisée prochainement en Egypte ?
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